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Le Club des FAI disparus

Lien: Dépôt des offres fermes sur Club Internet - OPERATEUR DE TELECOMMUNICATIONS CLUB INTERNET.

Les Echos, qui m'a commercialement offert 5 semaines d'essais à l'offre en ligne, annonce - de source toujours bien informée - qu'il n'y a plus que Neuf Cegetel et Free en ligne pour le rachat de Club Internet.

Si l'histoire est un enseignement pour l'avenir, Neuf devrait racheter Club, ce qui a toujours été ma prédiction.

Neuf maîtrise exceptionellement la croissance par acquisition. En effet c'est le seul à pouvoir à la fois acquérir des bases de clients (Cegetel, AOL...) et conquérir de nouveaux clients, pour faire de la croissance nette malgré les pertes inévitables d'abonnés. Je suis persuadé que la prime boursière au challenger de France Telecom est plus importante que le coût d'acquisition de Club. Neuf est déjà le second opérateur Entreprises, essaie de devenir le second MVNO, et donc être le second FAI lui donnerait une position stratégique très cohérente (et à mon avis en ferait une cible de choix pour un poisson encore plus gros...)

Free, qui n'a aucun intérêt à une base d'abonnés externes, n'est là que pour faire payer Neuf le plus cher possible. Opérationnellement, si Free remportait le morceau, il ne serait pas excessivement embarassé par cette acquisition. Mais la fuite probable des abonnés Club gacherait ses résultats excellents en matière de fidélisation et de croissance nette, ainsi que ses résultats financiers.

Je comprends également pourquoi Cinven n'a pas poursuivi, car les synergies sont faibles entre un réseau câblé qui couvre 10 millions de foyers et un réseau dégroupé qui couvre à peu près les mêmes.

Telecom Italia avait annoncé dès le début qu'il ne ferait pas d'acquisition en cash. A moins d'imaginer que Deutsche Telecom souhaite devenir actionnaire d'Alice, il n'y avait pas de solution. Reste la question : Alice, distancée, va-t'elle être vendue ? Nous n'aurons pas de réponse (même si on peut avoir une idée...) avant la fin du feuilleton du changement de contrôle de Telecom Italia et le remplacement éventuel du management par les nouveaux actionnaires, donc plutôt un sujet pour 2008, lorsque le bilan de 2007 sera fait.

AT&T : "I'll be back"

Derrière la proposition d'acquisition de Telecom Italia par AT&T, il faut voir un des plus incroyables come-back de l'histoire industrielle, comme seules les grandes firmes américaines savent les réussir (IBM...).

Avant 1984, AT&T était synonyme de télécommunications aux USA, et bien plus. On serait surpris de savoir combien travailler chez Ma Bell (maman Bell), pour de nombreux jeunes (femmes) de villes moyennes ou rurales, fut une opportunité de promotion sociale et de sécurité de l'emploi.

En 1984, un jugement fameux a démantelé l'empire AT&T en créant des compagnies régionales aux activités limités, les Baby Bell, et une AT&T restreinte aux communications longues distances. Cette situation a perduré jusqu'au début des années 2000, avec des fortunes diverses, notamment pour la nouvelle AT&T qui voyait son activité fixe fondre comme neige au soleil sous la poussée de la voix sur IP et n'avait pas réussi à percer dans les nouveaux business telecoms. Au début de ce siècle, AT&T n'était (presque) plus rien...

Mais avec le développement des nouvelles technologies de la communication, le paysage concurrentiel des télécoms a été bouleversé. La justice et la réglementation n'exigent plus que les télécoms locales et longues distance soient séparées. La concurrence s'apprécie désormais entre les grands acteurs : opérateurs mobiles, opérateurs câble, opérateurs fixes.

C'est ce qui a permis à une des Baby Bell les plus dynamiques, SBC Communications, d'acheter la vieille Ma Bell en 2006, puis une autre des Baby Bell, Bell South. SBC est de plus actionnaire de Cingular, le premier réseau mobile des USA.

La fusion de ces opérateurs recréait, 22 ans après son éclatement, le plus grand opérateur du monde, avec 120 Mds de dollars de chiffre d'affaires et 100 millions de clients. Voir quelques -  grands - chiffres ici.

Et pour parachever l'oeuvre, SBC adoptait le nom de la société qu'elle avait achetée et se rebaptisait AT&T !

Et c'est ce mastodonte, qui peut, en passant, proposer quelques milliards pour profiter d'une bonne opportunité d'acquisition en Europe...